Définir de nouvelles normes en matière de soins et de durabilité

L’hôpital universitaire de Gand (UZ Gent) travaille actuellement à la mise en œuvre de son schéma directeur pour le campus de la Heymanslaan. La tour qui abrite pour l’instant un parking est appelée à céder la place à un bâtiment hospitalier modulable tout entier axé sur le patient et le visiteur. Au travers de ce projet, l’UZ Gent entend jouer un rôle de pionnier et montrer que bien-être et durabilité peuvent aller de pair. VK architects+engineers en a dessiné le concept.

Le campus de l’UZ Gent est situé sur la Heymanslaan où il constitue depuis des années un pôle d’attraction dédié aux soins en lisière du centre-ville. « Mais nous devons composer avec une infrastructure vieillissante », indique Petra Demoor, chef de projet à l’UZ Gent. « Avec notre schéma directeur, nous voulons désormais rattraper le temps perdu tout en mettant en place une infrastructure hospitalière à l’épreuve du futur. » Le schéma est en cours d’élaboration depuis 2019. Aujourd’hui, l’avant-projet est prêt et les dossiers relatifs au permis et aux demandes de subventions ont été déposés pour approbation. L’objectif est d’ériger un nouveau bâtiment à l’emplacement de la tour de parking actuelle, pour y accueillir les principales activités médicales et de soins de l’hôpital. Les visiteurs et les patients pourront garer leur voiture sous le nouvel édifice. À l’arrière du site, un autre bâtiment logistique permettra d’effectuer les livraisons qui seront ensuite acheminées par voie souterraine vers leur destination finale. « L’ambition est de créer une ceinture verte autour de l’hôpital », indique Petra Demoor.

Un environnement propice à la guérison

Cette idée n’est pas tombée du ciel. « De nombreuses études ont mis en évidence un lien positif entre la présence de verdure et le bien-être des patients. Notre projet s’inscrit donc sous la bannière ‘Du vert pour tous’. Autour du bâtiment, mais aussi à l’intérieur et en couverture, avec des terrasses, des patios et des jardins en toiture. Une nature omniprésente, jusqu’au cœur du complexe. La lumière naturelle est un second facteur d’importance. Elle aussi joue un rôle essentiel dans la création d’un environnement propice à la guérison. Grâce au concept en créneaux choisi, nous pouvons maximiser le nombre de façades qui bénéficient de la lumière du jour. Tous les espaces devraient ainsi être baignés d’une luminosité naturelle. Dans les chambres, mais aussi au bloc opératoire, dans les espaces de bureau... » Un projet signé VK architects+engineers. « La construction d’un hôpital implique beaucoup d’éléments à prendre en compte : la conception, les permis, les techniques, les études de stabilité... C’est un puzzle complexe à assembler. VK architects+engineers réunit toutes ces disciplines sous un même toit, ce qui le met en position idéale pour nous assister tout au long de notre projet », poursuit Mme Demoor. « Son expertise en la matière ne fait aucun doute. En outre, le bureau entend aussi placer la barre très haut en matière de durabilité. »

Chauffage et climatisation : tout à l’électricité

En effet, pour l’UZ Gent, la durabilité était un deuxième pilier important du schéma directeur. Dès 2019, l’hôpital a exprimé l’ambition, pour son nouveau bâtiment, d’une autonomie aussi grande que possible par rapport aux combustibles fossiles. « Ce souhait était presque prophétique si l’on considère le climat énergétique actuel », se souvient Simon Ossieur, chef de projet pour VK architects+engineers. Le choix s’est donc porté sur un chauffage et une climatisation entièrement électriques. « L’UZ Gent opte résolument pour un régime à basse température qui assurera une température agréable grâce aux plafonds climatiques. Ce choix nous permet aussi d’assurer le contrôle des légionelles. Notre volonté explicite est de supprimer petit à petit la production de vapeur. C’est le dernier obstacle d’une certaine envergure. Ce choix est déjà une réalité tangible dans d’autres pays mais ici, la législation fait toujours de la résistance. Il en va de même pour l’humidification adiabatique. L’objectif est de prouver noir sur blanc que ces technologies sont sûres à 100 % et de consolider ainsi notre ambition d’atteindre le 100 % électrique. Nous disposons encore de trois ou quatre ans pour y parvenir. »

Un fonctionnement économe en énergie

L’autonomie énergétique commence toutefois par l’efficacité énergétique. Simon Ossieur : « Les hôpitaux sont des constructions particulièrement énergivores, car le bâtiment ne représente en lui-même qu’une fraction de la facture énergétique. Il faut tenir compte des flux de ventilation, de l’infrastructure médicale, de la gestion des données... Même en misant largement sur les panneaux solaires, nous ne pourrions générer que 13 à 17 % de la consommation électrique nécessaire sur le site. » Pour optimiser la performance énergétique du fonctionnement de son hôpital, l’UZ Gent souhaite également récupérer le plus d’énergie possible. « Un hôpital constitue un environnement unique où il est nécessaire de pouvoir compter simultanément et à tout moment sur des capacités de climatisation et de chauffage. En rapprochant autant que possible les régimes de climatisation et de chauffage, vous pouvez échanger les flux énergétiques. L’énergie qui ne peut être échangée instantanément va être stockée dans une réserve tampon. Pour ce faire, l’eau contenue dans les réservoirs du système d’aspersion anti-incendie constitue une solution économique, ce qui nous permettra de garantir la performance énergétique du système de climatisation et de chauffage. »

Une construction circulaire

Mais la durabilité va au-delà de la seule efficacité énergétique. Dès l’établissement de son cahier des charges, l’UZ Gent avait demandé l’application des principes de la construction circulaire. « En réalité, cela commence dès le stade de la conception », explique Tine van Besien, ingénieur en conception durable chez VK architects+engineers. « L’idée est de mettre en place une structure de base qui puisse durer des centaines d’années, même si les besoins évoluent. L’habillage de cette structure doit par contre être flexible et circulaire. C’est pourquoi nous avons utilisé la méthode dite des layers dans la conception. Seuls les éléments nécessaires à la stabilité du bâtiment sont fixes, dans tous les autres domaines, c’est la flexibilité qui prévaut. Par exemple, nous travaillons avec une structure sans poutres afin de n’avoir aucune difficulté à donner forme à une distribution différente de l’espace. Pour permettre cette flexibilité de configuration, nous optons délibérément pour la préfabrication et l’utilisation circulaire des matériaux. La façade, constituée d’une structure à ossature bois recouverte de plaquettes de parement, est également un modèle de circularité grâce à sa modularité maximale et au choix de matériaux qui peuvent être facilement retirés et recyclés. »

La réutilisation des matériaux et de l’eau de pluie

Un second point a nécessité une attention particulière : la réutilisation des matériaux déjà présents sur le site. « Cela n’a rien d’évident, car non seulement la stabilité doit rester assurée, mais elle doit aussi s’inscrire dans le calendrier prédéterminé des différentes phases », déclare M. Van Besien. En fin de compte, la structure en acier du bâtiment abritant le parking actuel s’est avérée parfaitement adaptée aux exigences. Elle sera réutilisée pour la structure de l’étage technique. Enfin, la gestion de l’eau figurait également en bonne place à l’agenda. L’UZ Gent a demandé à VK architects+engineers de réutiliser au mieux la moindre goutte d’eau de pluie tombant sur le site de 4,6 hectares. Grâce à la construction de deux bassins tampons et d’un système performant de traitement des eaux de pluie collectées, ce souhait deviendra une réalité. La majeure partie de ces eaux serviront pour les chasses des toilettes. « Dans un environnement hospitalier, cela s’apparente à une gageure ; aussi allons-nous appliquer l’ultrafiltration », ajoute Mme Demoor. Mais il existe également des applications qui prévoient la réutilisation de l’eau pour les tours de refroidissement, le réseau de chaleur d’IVAGO (auquel l’UZ Gent est actuellement raccordé) et les jardins en toiture...

Continuer le suivi

Si tout se déroule comme prévu, le premier coup de pioche sera donné l’année prochaine, après quoi le schéma directeur devrait prendre forme étape par étape. L’UZ Gent espère mettre en service le nouvel hôpital en 2029. VK architects+engineers a été désigné comme maître d’œuvre délégué pour assurer la bonne exécution des prochaines phases du projet.