La station des champs, une aire potagère.

Une halte autoroutière peut être l'occasion d'un contact intense avec le paysage et la culture qui l'environne. Dans cet esprit, le projet de station propose de réconcilier l'art et la science régionaux avec le commerce et l'industrie.

En premier lieu, une réflexion sur la composante agricole de pointe de la région incite à concevoir l'aire sur le thème horticole.

Un grand auvent en tôles profilées, posé sur l'aire comme une serre dans un paysage agricole, couvre les stations, les centres de service et le restaurant, et confère à l'ensemble sa cohérence. Sa charpente en acier constitue une forme de treille à grande maille à travers laquelle la lumière irrigue abondamment les stations.

Tirant parti du relief existant, la construction d'un pont-restaurant permet de limiter le développement au sol des bâtiments et de laisser la place à l'aménagement paysager du site. Le pont franchit l'autoroute sans pile centrale. Son plan étroit et allongé permet aux automobilistes qui abandonnent, le temps d'une halte, l'espace confiné de leur véhicule de bénéficier à chaque table d'une vue dégagée sur le paysage qui se déploie de part et d'autre.

Dans le projet, les auvents des stations se prolongent vers les zones de stationnement pour véhicules légers et poids lourds pour former un mail couvert qui accueille les usagers jusque dans le patio des centres de service.

Des aires de pique-nique, adossées aux bâtiments du côté des zones de stationnement, bénéficient de la protection de l'auvent et de la proximité des commodités. Protégées par la couronne de véhicules en stationnement, des aires de jeu s'étendent devant les tables, sous le contrôle immédiat des parents.

Comme le long de chemins qui traversent une étendue de champs, des files de grands arbres structurent le site et protègent les aires des vents latéraux.

À l'intérieur des aires, un rythme régulier de haies parallèles ralentit en surface, comme le ferait un champ de vignes, le vent qui souffle parallèlement à l'autoroute, et complète ainsi la protection climatique des stations.

Les alignements de haies prolongent à l'intérieur de l'aire la structure régulière des champs voisins.

Au-delà d'une simple intégration visuelle à l'environnement, la structure paysagère forte ainsi mise en place est une main tendue vers la communauté : les bandes de jardins dessinées par les haies forment une sorte de cadastre informel dont les parcelles peuvent faire l'objet d'une appropriation par la collectivité. Leur usage peut être multiple : centre de recherche scientifique sur l'écosystème autoroutier pour les universités, concessions aux écoles primaires et secondaires de la région comme terrain de découverte éducative sur le thème potager et botanique, lieu d'animations collectives telles que des concours d'épouvantails, il peut aussi simplement s'agir de concessions potagères, comme on les trouve couramment le long des voies de chemin de fer, ou d'un matelas d'herbes folles.

Idéalement accessible, l'aire peut ainsi devenir un centre d'animation régional sur le thème de l'agriculture et de la botanique.

Le souci d'intégration contextuelle du projet s'étend aussi aux éléments du patrimoine culturel.

En complément de l'activité de deux vitrines régionales, de grandes diapositives présentant les images d'attractions locales animent l'espace du restaurant, les patios des centres de service et les pistes de ravitaillement.

Des écrans en métal déployé habillent les façades du restaurant et, en partie, les façades latérales des stations. En complément du traitement paysager du site, ils assurent le confort visuel et climatique des usagers.

Les porte-à-faux de l'auvent qui surplombe le restaurant permettent quant à eux de graduer la chute et la remontée d'intensité lumineuse ressenties par les automobilistes qui passent sous le pont.