Le quartier Luchtbal est une enclave résidentielle au nord d’Anvers, datant du 20e siècle. Il est coincé entre de grandes infrastructures : le port et la Noorderlaan à l’ouest, le chemin de fer et l’autoroute à l’est, et le Canal Albert au sud.
C’est un exemple typique de l’habitat social du siècle dernier. Deux modèles idéologiques nettement définis du ‘bon habitat’ s’y côtoient de manière abrupte : d’un côté, une cité-jardin des années 1930, de l’autre, des tours d’habitation et des immeubles à appartements modernistes des années 1950, 1960 et 1970.
La Manchesterlaan constitue une frontière entre la cité-jardin et les tours. Les habitations de trois îlots le long de la Manchesterlaan, touchées par des problèmes d’humidité et de corrosion du béton, ne satisfaisaient plus aux normes d’habitat actuelles. La société anversoise de logement social De Woonhaven a donc décidé de construire de nouvelles habitations et a lancé un concours d’architecture.
Le commanditaire a retenu le projet de POLO Architects parce qu’il relie la cité-jardin, avec son côté intime, et les imposantes tours. De plus, il intègre et actualise les qualités des deux modèles du ‘bon habitat’ en un seul projet répondant aux besoins actuels.
Trois îlots en forme de U dessinent une transition progressive du bas vers le haut. Les habitations reliées au sol se rattachent à la cité-jardin. Aux extrémités des branches des U, d’imposants volumes d’appartements se tournent vers les tours d’habitation. Entre les deux se trouvent diverses gradations typologiques, avec des habitations unifamiliales au rez-de-chaussée, des petits studios, des habitations mitoyennes et des habitations kangourous.
Le long de la Manchesterlaan, trois pavillons d’entrée relient les bâtiments de tête. Ils donnent accès à la zone intérieure semi-publique, tout en pouvant aussi être fermés. Des locaux partagés par les habitants et des espaces pour de petits commerces tels qu’un kiosque à journaux ou une pharmacie ont également été prévus.
Un ‘sentier’ semi-public traverse la zone intérieure bordée par les jardins. Ces jardins étant surélevés, de même que le rez-de-chaussée des habitations, les habitants sont à l’abri des regards des passants qui empruntent le sentier.
Grâce aux façades uniformes en brique, les bâtiments inspirent d’une part une robustesse capable de tenir tête aux tours modernistes, et d’autre part, ils s’accordent à l’architecture plus traditionnelle en brique de la cité-jardin.