Le quartier anversois de Luchtbal est depuis près d'un siècle une vitrine d'expériences en matière de logement social. Deux modèles idéologiques de « bon logement » ont été brusquement juxtaposés : un fragment de banlieue-jardin compacte des années 1920 et un campus composé de tours résidentielles modernistes, d'immeubles à cour, de maisons en rangée et de dalles longitudinales construites entre les années 1950 et 1970. Ce qui lie clairement ces fragments urbains, c'est le caractère vert « collectif » du domaine public : à la fois une qualité de vie et une entrave pour les responsables de sa gestion.
Bien que le quartier ait représenté une qualité de vie élevée pendant des décennies, la situation a changé depuis les années 1970. La construction du périphérique d'Anvers, le manque d'équipements publics locaux et de connexions infrastructurelles avec le centre-ville, la démographie en déclin et les graves problèmes de gestion de l'espace public, entre autres, sont d'importants facteurs interdépendants qui ont contribué à la perte d'attractivité du quartier.

Toutefois, au cours des deux dernières décennies, Woonhaven et la ville d'Anvers ont pris d'importantes initiatives pour inverser la tendance. De nouveaux bâtiments et programmes publics restructurent et améliorent le contrôle et la qualité des espaces intermédiaires. Les immeubles d'habitation vétustes qui ne répondent plus aux exigences contemporaines en matière de logement sont rénovés ou démolis et reconstruits. Les célèbres tours Venezuela, conçues dans les années 1950 par l'architecte Hugo Van Kuyck et bien visibles sur la E19, ne répondaient plus non plus aux normes actuelles en matière de sécurité incendie, d'énergie et de confort de vie. À l'issue d'un concours, POLO a été désigné pour développer un scénario de rénovation exceptionnel.

Une transformation subtile

La volonté de préserver la qualité architecturale emblématique des six tours était un point d'attention important. Les performances énergétiques et le confort de vie devaient être radicalement améliorés, mais l'image de la façade - avec son architecture en briques plutôt stérile, rythmée par des terrasses en béton alignées horizontalement - devait être affectée le moins possible. POLO a développé un concept de rénovation qui préserve largement cette image. Les façades ont été décapées et isolées en profondeur et dotées d'une nouvelle maçonnerie similaire.

En outre, les terrasses existantes sur les façades est et ouest de quatre tours ont été subtilement transformées en jardins d'hiver. Ceux-ci forment un espace intermédiaire entre l'intérieur et l'extérieur, avec, en plus d'une qualité résidentielle considérablement accrue, un tampon thermique et acoustique contre l'environnement difficile de Luchtbal avec son trafic et son bruit ambiant.

Jardins d'hiver

Si l'extérieur est resté pratiquement intact, les interventions à l'intérieur des tours sont plus clairement lisibles. À l'origine, chacun des dix-huit étages contenait quatre appartements, à l'exception du dernier niveau. Après la rénovation, il y a un total de 71 appartements.

Les halls d'entrée sont entièrement rénovés pour offrir un accès généreux. De grands éléments vitrés sur les façades opposées renforcent la relation avec le niveau du sol et relient l'espace à l'environnement vert - une caractéristique originale qui a été conservée. Le hall d'entrée, les sonnettes et les boîtes aux lettres ont été réorganisés et les espaces à côté du hall d'entrée ont été transformés pour optimiser le stockage des vélos.

Le socle à double hauteur a fait l'objet d'une intervention importante. Auparavant, quatre studios compacts se trouvaient à l'étage de la mezzanine. Pour améliorer leur qualité, ces unités ont été reliées aux appartements situés au-dessus d'elles pour créer des duplex avec des chambres à coucher au niveau inférieur et des espaces de vie à l'étage.

La configuration des autres appartements a également été affinée. Une intervention importante a été l'ajout de jardins d'hiver, améliorant à la fois la qualité de vie, les performances énergétiques et la sécurité incendie. La conception originale prévoyait également un petit balcon adjacent aux cuisines, avec un espace pour les poubelles et un petit espace de stockage extérieur. Ces balcons ont été transformés en une baie vitrée qui fait partie intégrante de l'intérieur de l'appartement. Le débarras et la chaufferie, auparavant situés dans le hall commun, ont été privatisés et réaménagés en espace tampon entre la cuisine et la salle de bains.
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