Construit dans les années 1970, Euroshopping était censé être un centre commercial novateur, en plein coeur de la ville de Malines. Les clients n’ont pourtant jamais été au rendez-vous. Ce colosse en béton avec ses deux cents magasins, son cinéma, sa salle des fêtes et ses centaines de places de parking était abandonné depuis les années 1980. En 2001, la ville en a eu assez et a décidé de réaménager ce chancre urbain. Elle a commencé par acheter les terrains, puis a organisé un concours pour un partenariat public-privé. Entre partisans de la démolition et adeptes de la reconversion, ce concours a fait l’objet d’une intense polémique. La ville a fini par opter pour la proposition de POLO Architects et Wit. Le fait que ce projet prévoie la démolition de l’Euroshopping, symbole par excellence de la détérioration urbaine de Malines, a été déterminant pour les décideurs politiques, malgré l’avis contraire du jury du concours.
Le projet de POLO Architects et Wit Architecten, axé sur un concept d’habitat urbain autour d’une cour intérieure, constitue une importante plus-value pour le voisinage. Il se situe à la charnière entre l’agitation du centre-ville – le Bruul étant la principale rue commerçante – et le calme des quartiers résidentiels. Les rues avoisinantes présentent des aspects totalement différents. C’est de là qu’est née l’idée de traiter les volumes du projet de manière différente, en fonction du caractère de la rue adjacente.
Il en résulte une ligne de façades variées, mélangeant de l’habitat, des bureaux, des commerces et une grande variation de types d’habitations. Soixante appartements et trente habitations s’organisent autour d’une cour intérieure semi-publique. Un ancien cours d’eau a également été représenté. La zone intérieure, perméable, permet d’accéder aux promenades des alentours. Au coeur de l’îlot se trouvent des accès supplémentaires aux habitations et au parking souterrain.
Le projet joue subtilement avec la hiérarchie classique de l’îlot. L’avant devient l’arrière, et vice versa. Côté intérieur, on trouve des façades avant typiques, tandis que côté rue, on découvre des façades arrière, des terrasses et même des jardinets. Les espaces verts privatifs côté rue, même s’ils sont entourés de murs ou de clôtures, jouent un rôle important dans le vécu général de la rue. L’ensemble est adouci et gagne en ouverture, les constructions étant variées.
L’ancien îlot inaccessible, fermé, isolé et dont l’échelle contrastait avec le reste du voisinage, s’est aujourd’hui transformé en un lieu d’habitation urbain varié, ouvert sur la ville et le quartier. Ce projet, qui entre en dialogue avec le contexte environnant, établit une transition entre l’activité du centre et le calme des rues résidentielles alentour.