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Les infrastructures de transport au service de l’économie

Un entretien avec M. Jacques DEHALU,

Directeur général de la SOFICO

Quels sont les chiffres-clés de la SOFICO ?

La SOFICO est la société wallonne de Financement Complémentaire des infrastructures créée en 1994 dans le sillage de la 2ème réforme de l’État de 1989 qui a transféré aux régions la compétence des travaux publics et des transports, y compris les ouvrages inachevés. La SOFICO gère actuellement 2 300 km de routes et d’autoroutes, ce qui représente un investissement de plus de 2,5 milliards d’euros et 400 M€ réinvestis dans l’économie locale : les entreprises partenaires réalisent 30 à 40 % de leur chiffre d’affaires avec la SOFICO.

En quoi consistent les « chaînons manquants » ?

À chaque intersection du réseau transeuropéen de transport routier et fluvial traversant la Wallonie se trouvent des goulets d’étranglement : c’est notamment le cas sur la N5 à partir de Charleroi, où le transport par eau s’arrête. Dès sa création la SOFICO s’est attelée à résorber l’ensemble de ces chaînons manquants. Cinq grands chantiers ont été réalisés : la liaison autoroutière E25-E40/A602 à Liège, l’autoroute E429/A8 entre Ghislenghien et Hacquegnies, le canal du Centre et l’ascenseur à bateaux de Strepy-Thieu, la 4ème écluse de Lanaye ainsi que la nouvelle écluse d’Ivoz-Ramet. Restent à achever le contournement autoroutier de Couvin sur la E420/N5 (d’ici la fin 2020) et la nouvelle écluse d’Ampsin-Neuville (d’ici 2023).

Pourriez-vous nous donner quelques exemples de chantiers ?

Depuis 2010, nous avons lancé la réhabilitation en profondeur des autoroutes et principales nationales avec notre partenaire technique le SPW Mobilité et Infrastructures. 40 % du réseau dit « structurant » est d’ores et déjà réhabilité. Par ailleurs, nous avons débuté la mise à 4 voies de l’E40/A3 entre Alleur et Loncin et presque terminé la réhabilitation du tronçon entre Obourg et Jemappes sur l'E42-E19/A7. La SOFICO assure également la gestion de quelque 2 000 ponts et 30 tunnels : dans ce cadre, elle a déjà réhabilité 70 ponts de classe A (qui nécessitent une intervention urgente). Nous avons également démarré les travaux de modernisation de l’éclairage routier via un PPP. Enfin, la SOFICO développe des projets de gestion intelligente du trafic routier via le Centre Perex : captage de données de trafic, préparation de l’arrivée des véhicules connectés, mise en place des prototypes de demain… Pour mieux encadrer un trafic qui croît de 6 % par an.

Vous gérez aussi le réseau wallon de fibre optique le long du réseau (auto)routier et de la voie fluviale…

En effet. Ce projet nous a été confié en 2002 afin d’accompagner le trafic par les meilleurs équipements possibles. La Région Wallonne a alors mis son réseau de fibre à la disposition des entreprises proches du réseau autoroutier. 97 parcs d’activités économiques sont déjà raccordés à la fibre optique et au haut débit et 180 à 200 le seront bientôt. La Fédération Wallonie-Bruxelles, les universités et Hautes Ecoles wallonnes ainsi que 20 hôpitaux en bénéficient également déjà. Le réseau de fibre optique est passé de 2 000 à 4 000 km depuis 2002 – un chantier en autofinancement intégral.  

À quels projets d’énergies durables avez-vous contribué ?

La SOFICO a développé un parc de quatre éoliennes dans le Hainaut et a lancé en 2018 le projet grand éolien : 25 concessions ont été accordées pour installer 40 éoliennes le long du réseau autoroutier. La SOFICO vient également de récolter six candidatures pour le projet « Infrastructures basse énergie » qui vise le développement de l’éolien moyen ou petit, de panneaux photovoltaïques et de la biomasse en collaboration avec les PME wallonnes afin de développer, produire, capter et emmagasiner de l’énergie pour assurer à la fois le fonctionnement de nos infrastructures, mais également dans une volonté d’accompagner l’arrivée des voitures connectées.

Quels sont les principaux défis à relever pour la SOFICO ?

Il nous reste à achever la réhabilitation du réseau autoroutier et à le sécuriser par l’amélioration des structures des ponts et de l’encadrement des tunnels. Nous promouvons aussi la multimodalité grâce au concept de « mobipôle » qui fait converger les différents moyens de transport aux entrées de villes et libère ainsi les centres urbains des nuisances générées par le trafic automobile. Enfin, le grand défi sera de moderniser nos infrastructures pour qu’elles puissent interagir avec les véhicules connectés de demain.

Références